Mon avis :
Paul, élève en classe de cinquième dans un établissement parisien, reçoit une boule de neige en pleine poitrine à la sortie des cours. On suspecte la boule de contenir une pierre, car Paul fait un malaise après avoir été percuté par celle-ci. La boule a été lancée par Dargelos, élève du même collège et caïd idolâtré par Paul. Suite à cet épisode, le collégien tombe malade et est contraint de garder la chambre. Il passera désormais le plus clair de son temps avec Élisabeth, sa sœur aînée qui a deux ans de plus que lui, qui tentera de le soigner au mieux dans leur chambre. Dans la pièce d’à côté est située leur mère, une femme infirme dont la jeune fille doit également s’occuper. Mais c’est une relation bien étrange qu’entretiennent Paul et Élisabeth, aussi forte que fusionnelle, entre amour et déchirement…
Tout d’abord, il faut savoir que la lecture de cet ouvrage est très spéciale. En effet, Jean Cocteau a une manière d’écrire bien à lui, qui fait que certains passages m’ont paru un peu nébuleux, ayant eu parfois du mal à le suivre. Néanmoins, j’ai été entièrement happée par cet ouvrage, puisque je pensais lire ce livre sur deux jours, mais finalement, j’ai embêté ma partenaire de lecture pour que l’on le lise d’une traite. Jean Cocteau a donc rempli son contrat d’auteur en parvenant à captiver son lectorat grâce à la qualité de sa plume.
Cependant, il faut bien reconnaître que cette intrigue m’a mis un peu mal à l’aise, en particulier la relation entre Élisabeth et Paul, qui est un peu glauque. En effet, ils sont rapidement enfermés dans cette même pièce et semblent inséparables malgré les embûches de la vie, comme si la destinée les empêchait de se séparer, et gare à ceux qui souhaiteraient s’immiscer dans leur vie privée. En effet, tels des héros tragiques, ils semblent condamnés à rester ensemble et à briser ceux tentant de se faire une place dans leur vie.
Dès les premières pages, on découvre que le père est absent et que la mère est lourdement handicapée – donc déjà un peu partie. Mais brutalement et avec une grande froideur, la mort de la mère est annoncée par le narrateur. J’ai été ébahie par l’attitude d’Élisabeth face à cette perte, qui réagit avec beaucoup de recul. Elle avait déjà pris la vie du foyer en main depuis un certain temps. À seize ans, elle se retrouve donc seule avec Paul. Le frère et la sœur ont une relation très étonnante : ils s’aiment, tout en se détestant, ont des propos très violents et des réactions disproportionnées, une fusion relativement incroyable, voire parfois malsaine. Malgré leur isolement, quelques personnages secondaires gravitent autour d’eux : Gérard (un ami de Paul), Agathe (une jeune femme rencontrée par Élisabeth avec laquelle elle se liera d’amitié), Michaël (le mari d’Élisabeth), Mariette (l’intendante), le médecin, Dargelos… Mais ils n’ont finalement que peu d’importance et permettent avant tout de développer de nouvelles facettes de Paul et sa sœur.
Le roman est scindé en deux parties, la première s’intéressant à l’adolescence de nos personnages, puis la seconde davantage portée sur la vie d’adulte de Paul et Élisabeth. J’ai préféré cette seconde partie, qui m’a davantage touchée. La fin, quant à elle, est assez inattendue et on se rend compte qu’Élisabeth est une vile manipulatrice.
Pour être tout à fait honnête, je n’ai pas été totalement séduite par ce livre, étant parfois un peu gênée par le style de l’auteur et n’ayant pas non plus complètement adhéré à l’intrigue, mais il faut reconnaître l’originalité de ce roman et l’intérêt du lecteur qu’il parvient à susciter et à accroître page après page.