Cordelia Admin
Messages : 9403 Date d'inscription : 12/01/2013 Age : 51 Localisation : Liège
| Sujet: Schmitt, Eric-Emmanuel - La nuit de feu Mer 23 Déc - 18:56 | |
| Année d’éditions: 2015 Editions : Albin Michel Nombres de pages: 192 Prix – Amazon:Grand format : 16,00 € Format numérique : 10,99 € Quatrième de couverture :« Je suis né deux fois, une fois à Lyon en 1960, une fois dans le Sahara en 1989. » Une nuit peut changer une vie. À vingt-huit ans, Éric-Emmanuel Schmitt entreprend une randonnée à pied dans le Sahara en 1989. Parti athée, il en reviendra croyant, dix jours plus tard. Loin de ses repères, il découvre une vie réduite à la simplicité, noue des liens avec les Touareg. Mais il va se perdre dans les immenses étendues du Hoggar pendant une trentaine d heures, sans rien à boire ou à manger, ignorant où il est et si on le retrouvera. Cette nuit-là, sous les étoiles si proches, alors qu il s attend à frissonner d angoisse, une force immense fond sur lui, le rassure, l éclaire et le conseille. Cette nuit de feu ainsi que Pascal nommait sa nuit mystique va le changer à jamais. Qu est-il arrivé ? Qu a-t-il entendu ? Que faire d une irruption aussi brutale et surprenante quand on est un philosophe formé à l agnosticisme ? Dans ce livre où l aventure se double d un immense voyage intérieur, Éric-Emmanuel Schmitt nous dévoile pour la première fois son intimité spirituelle et sentimentale, montrant comment sa vie entière, d homme autant que d écrivain, découle de cet instant miraculeux. | |
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| Sujet: Re: Schmitt, Eric-Emmanuel - La nuit de feu Jeu 24 Déc - 14:55 | |
| Dans cet ouvrage, ce n’est pas Éric-Emmanuel Schmitt le romancier que l’on découvre, mais bien l’homme, puisque La Nuit de feu est un livre autobiographique. À l’âge de vingt-huit ans, Éric-Emmanuel Schmitt partit une semaine dans le désert algérien, en repérage dans le but d’écrire le scénario d’un documentaire. Il est accompagné d’un ami, et tous deux font partie d’un groupe de dix voyageurs, guidés par un Touareg. Mais un jour, emporté par l’allégresse de ce séjour dans l’Hoggar, il va s’éloigner quelque peu des autres pour se retrouver finalement perdu dans la montagne, sans nourriture et avec sa gourde d’eau quasiment vide…
Très poétique et magnifiquement bien écrit, on a l’impression d’accompagner le narrateur dans son voyage tant la description des paysages semble juste. Mais plus que l’environnement, c’est avant tout l’aventure humaine et l’expérience mystique qui priment dans ce récit. En effet, notre auteur va s’étonner de la facilité avec laquelle il échange avec le Touareg qui leur sert de guide. Ils ne parlent pas la même langue, mais parviennent cependant à se comprendre, bien que l’on se doute qu’une part de leur conversation est quelque peu fabulée par leur imagination. De plus, son enthousiasme est communicatif, et il décrit si bien les relations humaines qui s’instaurent et les discussions entre les voyageurs que nous avons l’impression d’être un membre de leur groupe.
J’ai trouvé son expérience de foi dans le désert très intéressante, mais également quelque peu angoissante. Par exemple lorsqu’il nous dit que notre vie ne représente que quelques secondes entre deux néants… Ce sont là des sujets qui me mettent un peu mal à l’aise, et ses propres questionnements sur notre condition poussent le lecteur à s’interroger lui aussi. C’est ici le point central de La Nuit de feu et, de par ses réflexions, on s’aperçoit qu’Éric-Emmanuel Schmitt est un philosophe. Il ressortira de cette expérience réellement changé, tel un autre homme, avec une façon d’appréhender la vie – et la mort — tout autre. Point de récit romanesque, nous sommes bien en présence d’une tranche de vie qui a beaucoup comptée dans la l’existence de cet écrivain et qui a sans doute grandement contribué à faire de lui celui qu’il est devenu aujourd’hui.
Un passage de l’épilogue fait tristement écho à notre actualité, et je citerai donc une phrase qui en est tirée pour conclure cette chronique : « En notre siècle où, comme jadis, on tue au nom de Dieu, il impose de ne pas amalgamer les croyants et les imposteurs : les amis de Dieu restent ceux qui Le cherchent, pas ceux qui parlent à Sa place en prétendant L’avoir trouvé. »
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