Cleo, jeune humaine, a découvert brutalement qu’elle avait des liens avec les Chimères, ces étranges créatures mi-humaine, mi-animale qu’elle a appris toute sa vie à détester et à combattre. L’une d’elle, Lyn, lui ressemble de façon troublante, et elle est persuadée qu’il s’agit de sa soeur jumelle. Quant à Axel, l’homme-corbeau, il éveille en elle des sensations tout aussi troublantes. Mais pour avoir pris leur défense, Cleo ne peut plus revenir au Clan du Passage, sous peine d’être tuée pour trahison. Tolérée parmi les Chimères, Cleo sent pourtant qu’elle n’y est pas la bienvenue, mais elle est déterminée à en apprendre plus sur ses origines et à savoir ce que sont réellement devenu ses parents, persuadée qu’ils ont été mis à mort par les Chimères.
Après m’avoir éblouie par son style dans le premier tome, Charlotte Bousquet me bluffe par sa construction d’intrigue ici. Ce second tome est l’exact pendant du premier, comme un reflet inversé, où toutes les valeurs se renversent, et d’ailleurs cette couverture est aussi sombre que la précédente était lumineuse. Ces Chimères qui étaient de véritables démons pour Cleo deviennent ici son seul horizon, son seul univers, et c’est à une fois passée de l’autre côté de ce miroir qu’elle va se rendre compte de bien des choses au sujet de son propre Clan. Si la plupart des révélations ne sont pas d’une grande surprise, on joue le jeu volontiers tant le personnage de Cleo est convaincant, perdue entre deux mondes, obligée de remettre en question toute sa vie et toute ses valeurs sur la simple profonde conviction que sa place est près de Lyn. L’univers apocalyptique prend encore forme, puisqu’on découvre de nouvelles races étranges, mais l’effet de découverte est cependant atténué, ce qui en fait un roman plus conventionnel que le premier tome. Néanmoins, l’intrigue rattrape cela, puisqu’on suit de front l’enquête de Cleo sur ses origines, son questionnement sur son identité, sa découverte du Nid des Chimères et son attirance grandissante pour Axel qui la désespère puisqu’il ne lui manifeste que de la haine, cette même haine qu’elle a elle-même éprouvé toute sa vie pour toutes les Chimères. C'est d'ailleurs cette haine viscérale qui la pousse jusqu'au bout à croire que les Chimères ont forcément tué ses parents, sans voir que son propre clan a eu une attitude trop suspecte vis-à-vis de ses questions sur son ascendance pour y être tout à fait innocent. C’est donc un vrai plaisir encore une fois, et je regrette simplement que le personnage de Lyn n’ait pas été plus creusé pour donner vraiment toute l’ampleur à cette histoire.