Gilbert, Elizabeth - Mange, prie, aime

Qui n'a jamais rêvé de tout plaquer pour partir en voyage au bout du monde ? Pas moi, en tout cas ! Je fais partie de celles et ceux qui admirent les aventuriers, mais qui apprécient aussi leur confort et s'imaginent mal faire le grand saut. C'est pour cela que j'ai adoré cette lecture et que je comprends, plusieurs années après, le succès que l'autrice a eu.

Liz a toujours eu du mal à trouver sa place. Un peu pour faire comme tout le monde, elle se marie et achète une maison. Cependant, la tristesse la ronge sans qu'elle sache vraiment pourquoi, jusqu'à la dépression. À bout de solutions, elle décide de tenter le tout pour le tout : elle divorce, vend la maison, et part voyager. C'est d'abord ce côté "sombre" de Liz qui m'a touchée : je me suis sentie proche d'elle, de ses angoisses, de son impossibilité à les régler. Je l'ai admirée pour ses choix courageux - ce n'est pas moi qui irait vivre quatre mois dans un ashram en Inde pour prier du matin jusqu'au soir !

Parfois, l'autrice a un petit côté exaspérant, du genre "petite fille riche qui découvre les plaisirs simples". Elle a du mal à réaliser que, si manger un plat de pâtes en Italie la comble de bonheur, le fait même de tout quitter et de voyager aux frais de la princesse (sa maison d'édition, en l'occurrence) n'est pas offert à tout le monde. Ceci dit, c'est a posteriori le seul défaut que je lui ai trouvé.

Le livre se divise en trois parties, chacune consacrée à un pays. On commence par l'Italie. Ici, Liz se consacre à l'apprentissage de la langue (et cela m'a fortement donné envie de m'y remettre) et aux plaisirs de la table. Elle rencontre des personnes formidables et attachantes qui l'accueillent à bras ouverts. Au début du voyage, la dépression est cependant toujours présente, comme tapie dans l'ombre. Voir l'autrice se battre contre ses démons et retrouver peu à peu la lumière m'a beaucoup plu. Après un petit détour par les US (notamment pour changer de registre au niveau de sa valise), Liz se rend en Inde pour sa quête spirituelle. J'avais assez peur de cette partie, sachant que je suis athée et complètement imperméable à ce genre de croyances. Malgré tout, ce long chemin de prières et de méditation lui apporte beaucoup de bonheur et la débarrasse de nombreux soucis. J'étais donc très heureuse de voir les effets bénéfiques que cela a pu avoir sur elle. Un petit bémol : le ton qu'elle adopte semble quelques fois moralisateur, comme si les personnes pieuses étaient les seules à détenir la vérité et que nous autres étions totalement dans l'erreur. Enfin, Liz se rend en Indonésie pour trouver l'équilibre entre ces deux pôles : le plaisir et la spiritualité. Et je suis heureuse de vous annoncer qu'elle y parvient, au-delà même de toutes ses espérances !

Pour conclure, ce livre a été un véritable coup de coeur pour moi, et aussi un message d'espoir sans pareil : oui, on peut sortir de la dépression, on peut trouver sa voie et changer radicalement de vie (même si, et je le répète, il faut en avoir les moyens). Impossible de ne pas s'attacher à Liz et à ses compagnons de route, et c'est le coeur serré que j'ai lu la dernière page. Heureuse, cependant, de la tournure qu'ont pris les événements pour elle. Si vous ne l'avez pas déjà lu, je vous le conseille vivement.