Dans un monde où plus rien n’existe, Saba et son frère jumeau Lugh survivent auprès de leur père et de leur petite soeur Emy. Pour Saba, Lugh est tout son monde. Elle méprise Emy, qu’elle considère plus ou moins responsable de la mort de leur mère en la mettant au monde. Mais un jour, une horde d’inconnus débarque, enlève Lugh, et tue leur père. Ce n’est pas un hasard: ils venaient le chercher lui et pas un autre. Restée seule avec Emy, Saba décide de braver le désert pour partir à la recherche de son frère.Sur son chemin, elle croisera les autres survivants de ce monde dévasté, dont certains plus noirs et plus durs encore qu’elle.
Dans le rayon des dystopies jeunesses, on se bouscule au portillon. Celle-ci a retenu mon attention parce qu’elle est sans concession. C’est un monde mort que l’on nous présente et Saba est une fille quasi-morte aussi, froide, sans plus aucune illusion sur son univers. Lorsqu’on lui enlève Lugh, on lui enlève sa raison de vivre, et elle n’a que dureté pour la fillette de neuf ans qui lui reste sur les bras. C’est cette haine, cette colère rouge qui lui permettra de survivre.
Elle se construit au fil des rencontres autour d’elle. Car dans un univers aussi dévasté, difficile de faire confiance, de savoir à l’avance si devant nous se dressent des sauveurs, des compagnons d’infortune ou des ennemis pour lesquels on représente une opportunité. Entre les sacrifices humains, les parodies grimaçantes d’une société qui n’existe plus, la plus marquante reste ces combats d’êtres humains pour divertir et contrôler la foule, où Saba doit vaincre ennemi après ennemi pour espérer s’échapper. Et lorsque se présente Jack, l’aventurier qui la trouve très à son goût, nul doute que Saba ne croit pas complètement qu’il s’agit là d’un allié.
Ce qui m’a fasciné, c’est cette manière de construire une héroïne complètement fermée, y compris au lecteur, qui rejette tout et tout le monde, qui affirme n’avoir besoin de personne tant elle est sure que personne ne peut entrer dans son monde. Haché et épuré, le style a de quoi dérouter, et pourtant est à l’image d’une protagoniste indiscernable.