Mon avis :
C’est un jour tout à fait ordinaire pour Mme Hall, ou presque… En effet, elle accueille un nouveau client dans son établissement qui va rester pour quelque temps. Affublé d’un chapeau et d’un bandage qui recouvre totalement son visage, on ne distingue pas un seul centimètre de sa peau. Cela ne manque pas de titiller la curiosité de Mme Hall, qui se demande de quel accident a pu être victime cet étranger, alors que cela attise plutôt la méfiance de son époux. De plus, cet homme attend de recevoir de nombreux bagages et il refuse d’être dérangé dans sa chambre, n’hésitant pas pour cela à être rustre avec ses hôtes – qui ignorent jusqu’à son identité – et à s’enfermer à clef. Mais quel est ce secret qu’il veut cacher à tout prix ? Serait-il lié à son apparence ?
Comme on s’en doute avec un tel titre, l’inconnu en question n’est autre que l’homme invisible. Suite à un vol au presbytère et à un manque de discrétion de sa part (les cris qu’il pousse et les crises de violences qu’il a dans sa chambre ne pouvant qu’attirer l’attention), il va se faire démasquer et être pourchassé tel un gibier par les habitants du village. On va alors se rendre compte que sa vie est loin d’être simple : il doit lutter contre la faim et le froid pour survivre. Ce physicien de génie a voulu repousser les limites de la science, imaginant tout ce qui pourrait être à sa portée si nul ne pouvait le voir. Mais il était visiblement loin de se douter des conséquences que son expérience pourrait incomber.
Ce personnage, dont l’identité est préservée pendant un bon moment pour faire durer le mystère, est tantôt d’une cruauté incroyable, tantôt il inspire la pitié. On a parfois envie de l’aider, qu’il se sorte de cette situation et retrouve une vie normale ; mais à d’autres moments, il est carrément flippant, rappelant Jack Torrance dans Shining.
Le suspense est, avec la personnalité du héros, l’autre grand force de ce roman : l’auteur réussit à maintenir son lectorat en haleine de la première à la dernière page, sans souffrir du moindre essoufflement. Alternant actions, explications scientifiques, moments plus tristes ou scènes franchement loufoques, H.G. Wells parvient à maintenir l’attention du lecteur qui n’a qu’une hâte : avoir le fin mot de l’histoire de l’homme invisible. Les autres protagonistes sont eux aussi très bien dépeints : Mme Hall, une vraie fouineuse, M. Hall, son mari qui n’a pas vraiment son mot à dire, le docteur Kemp, un ancien camarade universitaire de l’homme invisible qui va être effaré des révélations de celui-ci, M. Marvel, qui devient le complice de notre héros bien malgré lui, et bien d’autres…
Au final, on ne peut rester indifférent à la lecture de L’Homme invisible, dont la vie du personnage éponyme est avant tout marquée par la solitude. Je vous recommande donc vivement la lecture de ce classique, sur lequel il y aurait encore beaucoup à dire, mais je préfère ne pas en dévoiler davantage pour vous laisser le plaisir de la découverte.