Mon avis :
Dans un hôtel parisien, le Paradise, séjournent Craig, un enseignant de littérature française aux États-Unis invité en France par plusieurs institutions, et Elena, une Italienne qui travaille dans la mode et est également en déplacement professionnel. Lors de sa première soirée, un homme originaire de la ville de Parme se confie à Craig et lui avoue être un mari volage qui a deux maîtresses. Attablée non loin de là, Elena entend cette conversation et est scandalisée. Lorsque Craig l’aperçoit le lendemain matin, il décide d’aller se présenter, mais surtout de dissiper le malentendu de la veille, lui expliquant que cet homme qui s’est confié à lui ne fait pas partie de ses connaissances. Le professeur de littérature et la belle italienne font alors connaissance et prennent l’habitude de se retrouver au restaurant de l’hôtel pour bavarder. Mais, coup de théâtre, l’Italien infidèle est retrouvé assassiné dans sa chambre !
L’intrigue s’étend sur une semaine, du dimanche au dimanche, est la durée du séjour de nos protagonistes dans la capitale française. Elle est relatée à tour de rôle par Elena, Craig et Sébastien, qui est un employé du Paradise. Elena et Craig sont loin d’être deux personnages ordinaires. Tous deux pourvus d’une certaine culture, ils ont un peu plus de la quarantaine et se rapprochent au fur et à mesure, se rendant compte qu’ils sont attirés l’un par l’autre, mais aussi que certains points les poussent à se haïr. Cependant chaque prétexte est bon pour se croiser.
Craig est relativement suffisant. Néanmoins, on prend plaisir à suivre son évolution, découvrant petit à petit un personnage machiavélique. Elena, qui a un époux à Florence qu’elle appelle systématiquement à vingt-trois heures tapantes chaque soir, a, quant à elle, des idées bien arrêtées sur les relations humaines. Ainsi, elle ne cache pas son dégoût quant à l’attitude de cet italien infidèle. Néanmoins, elle ne va pas tarder à se rendre compte que tout n’est pas toujours noir ou blanc. Sébastien, le réceptionniste, pense tout savoir, alors qu’il est en fait bien loin de la vérité.
Pour un premier roman, c’est une franche réussite. L’écriture de Christophe Carlier est percutante, cynique, juste… On prend beaucoup de plaisir à avancer dans cette histoire, qui, même si courte par la temporalité qu’elle couvre ou par le peu de pages de ce roman (179), est très riche et excessivement bien ficelée. Au premier abord, on pourrait penser que cet ouvrage est un roman policier. En réalité, c’est bien plus que ça. C’est une histoire humaine ; on fait partie du quotidien de ces héros, partageant leurs vies, leurs hasards, les circonstances fortuites de leurs existences. De plus, la multiplicité des points de vue offre un réel plus à L’Assassin à la pomme verte.
Le titre de cette œuvre fait référence au tableau de Magritte. En effet, le meurtrier est probablement « aussi anonyme que l’homme à chapeau melon dont Magritte dissimule le visage derrière une pomme verte ». À partir de là, comment le retrouver ?
Il s’agit d’un ouvrage qui sort des sentiers battus, une enquête policière où la recherche de l’identité de l’assassin n’est finalement pas si importante que ça, un premier roman où l’intrigue est rondement menée et laisse présager un bel avenir pour cet écrivain !