Sophie Katz a presque décidé de s’assagir et d’arrêter de mener ses enquêtes amateures et trop souvent foireuses. Son objectif: convaincre Anatoly, son dieu russe de petit ami, de venir vivre avec elle et d’abandonner sa garçonnière en ville. Mais l’homme a ses secrets et ne tient pas à s’étaler sur son passé, ce que Sophie a de plus en plus de mal à supporter. Histoire de la distraire, son amie Mary Ann lui annonce son prochain mariage! Des ennuis en perspective. D’abord parce que Leah, la soeur de Sophie, va tout faire pour se voir confier l’organisation de la cérémonie. Ensuite parce que Mary Ann, âme simple et candide, a des goûts de princesse pour enfant. Autant dire que Sophie voit arriver la robe de demoiselle d’honneur d’un très mauvais oeil. Dans le salon de Mary Ann, elle en débat avec Dena, sa meilleure amie et cousine de la future mariée. C’est alors que son monde bascule. Un coup de feu. Dena est touchée. Et même si ses jours ne sont pas en danger, elle risque de ne plus jamais remarcher et son moral semble irrémédiablement entachée. Sophie bout: elle doit retrouver le salaud qui a fait ça. C’est l’occasion pour elle de découvrir que Dena, libertine affichée et propriétaire d’un sex-shop, s’était attiré les foudres d’une ligne puritaine qui manifestait ouvertement contre elle. Que parmi les nombreuses liaisons de Dena figuraient des hommes qui avaient soigneusement omis de lui dire qu’ils étaient mariés. Et même que son petit “couple à quatre” était sur le point d’exploser, au point que Amelia, qui en fait partie et développe une jalousie certaine à l’égard de Dena, a annulé son départ pour l’étranger sans le dire à personne et se trouvait bien en ville au moment de l’agression. Et soudain, Sophie tremble: et si ce n’était pas Dena qui était visée dans cet appartement? Et si c’était Mary Ann, ou Sophie elle-même?
Encore une fois, je suis sous le charme de Sophie Katz. Pourtant, cet opus est bien plus sombre que les précédents que j’ai pu lire. Sophie est beaucoup moins pétillante, et semble extrêmement affectée par l’agression de son amie. Elle voit la mort menacer ses proches et on la sent profondément perturbée. L’humour dans ce tome est donc bien plus cynique, plus noir, à l’image d’une héroïne qui se sent menacée et qui fait une véritable fixation sur l’identité du tireur, avec quelque chose de psychopathe. J’ai été profondément émue par la manière dont elle prenait les choses à cœur, par la peur qui s’empare d’elle à entendre des cliquetis de pistolets qui se préparent à tirer partout où elle passe, à soupçonner tout le monde et à ne pas supporter l’inactivité sans pour autant savoir quoi faire.
Pour autant, on ne perd pas notre Sophie, qui fonce tête baissée dès qu’elle a une idée en tête. Chaque nouveau suspect est catalogué coupable immédiatement et occulte tous les autres, et c’est hilarant de voir avec quelle facilité Sophie change de certitude absolue et indéfectible toutes les cinquante pages concernant son tireur. Elle n’hésitera d’ailleurs pas à coller son poing dans la figure d’une femme un peu trop méprisante ou à envoyer son dévoué Anatoly passer la nuit en planque dans une voiture devant la maison d’un innocent. Même ses mésaventures les plus désagréables nous font sourire, puisqu’elle est persuadée qu’un écureuil a été flingué à sa place dans le parc (ben oui, les écureuils, ça ne tombe pas des arbres!) ou qu’Amelia craint moins de la police pour l’agression dont elle est soupçonnée que pour l’herbe qu’elle fait pousser chez elle pour arrondir ses fin de mois. Sans parler des idées saugrenues du mariage de Mary Ann qui ferait péter les plombs à n’importe qui: imaginez, porter une robe pêche en hommage au prénom de la grand-mère du marié lors d’un mariage à Disneyland officié par Mickey en personne!
Les romantiques y trouveront aussi leur compte: le couple Anatoly-Sophie est en réel danger. Le côté ténébreux et mystérieux d’Anatoly, si séduisant combattant arrivé de Palestine après une naissance en Russie, se retourne contre lui. Sophie tient à protéger ceux qu’elle aime dans une affaire où Anatoly juge qu’ils pourraient être moins innocents que prévu, et les compromis s’enchaînent pour repousser l’intervention de la police sans entraver l’enquête. Difficile pour eux de se mettre d’accord et de se faire confiance.