Sophie Katz est plutôt satisfaite du tournant qu’est en train de prendre sa vie: ses romans policiers se classent souvent parmi les best sellers, son petit ami Anatoly semble décidé à vivre avec elle. Il ne lui reste plus qu’à trouver un endroit avec un peu plus de place. Aux journées portes ouverts d’un salon immobilier, voilà que réapparait quelqu’un qu’elle aurait préféré oublier: son ex-mari, Scott, qu’elle déteste plus que tout et qui est malencontreusement agent immobilier. Elle voudrait bien tourner les talons mais Scott lui apprend qu’il vient d’être chargée de la vente d’une magnifique maison victorienne pour un prix dérisoire. Visiblement, l’ex-mari a des remords et veut se faire pardonner en donnant à Sophie la priorité pour voir la maison. Et lorsqu’elle arrive devant la maison, le coup de foudre est immédiat: elle est parfaite, il la lui faut, c’est SA maison. Seul souci: il semblerait qu’elle soit hantée, d’où le souhait du propriétaire de la vendre même à perte. Mais il faut plus que quelques fantômes pour faire peur à Sophie Katz… comme un cadavre par exemple? Pas banal, quand on visite une maison, de trouver le propriétaire mort dans une des chambres! Voici encore une fois Sophie mêlée à une affaire de meurtre dont elle doit se dépêtrer, en plus de toute faire pour obtenir la bâtisse de ses rêves. La maison appartient désormais au fils du propriétaire qui, coup de chance, accepte de la laisser à son prix dérisoire, mais ajoute une clause au contrat de vente: Sophie devra prouver qu’elle croit aux fantômes et rejoindre un Club de Spiritisme. De là à ce qu’on lui demande d’entrer en contact avec l’esprit du père disparu…
C’est avec un plaisir non dissimulé que j’ai retrouvé la déjantée et pétillante Sophie Katz qui a le chic pour se fourrer dans des situations pas possibles, alors que ce n’est même pas toujours de sa faute! Prête à surmonter son aversion pour son ex-mari pour un amour inconsidéré et irraisonné pour une maison, elle se retrouve obligée de ménager son petit ami Anatoly, ancien agent de l’armée russe donc qui a tendance à sortir de ses gonds de manière un peu trop efficace. Il n’y a qu’elle pour, dans la même semaine, trouver un (énième) cadavre, organiser une séance de spiritisme, découvrir qu’un des invités n’est pas venu car il a lui aussi été assassiné, entrer par effraction chez un illuminé en se servant de son coiffeur gay comme couverture et d’emmener un ado gothique se shooter dans un bar à oxygène. C’est complètement délirant et ça me plaît.
Mais on ne reste pas pour autant dans cette ambiance de superficialité toute Manhattanienne, un Frappuccino dans une main et un rouge à lèvres dans l’autre. On plonge très vite dans l’enfance tourmentée et pleine de secrets de Sophie, qui se rend compte que son attachement viscéral à cette maison qui semble un caprice a peut-être des raisons anciennes et profondes. Et si l’on peut conclure à la crise cardiaque pour le premier mort, le deuxième, retrouvé sur le sol de sa cuisine, la musique allumée et l’appartement verrouillé de l’intérieur offre une énigme bien plus complexe. Un étrange complot mêlé à un huis clos mystique se noue et j’y ai immédiatement accroché.
La force de Kyra Davis réside également dans ses personnages percutants. Je vous ai déjà parlé de Sophie et de son mélange d’inconscience, de gaffes et de malchance. J’ai adoré retrouver Marcus, le coiffeur gay qui connaît tout, qui peut tout faire, véritable maître zen aussi dévoué que critique envers Sophie. J’ai évidemment fantasmé sur Anatoly, le détective privé sexy dont il vaut mieux ne pas connaître le passé entre les Russes et les Israéliens, et se concentrer sur son blouson de cuir et sa moto. J’ai été épatée par Dena, l’amie médecin légiste polygame de Sophie qui change de mec comme de chemise et se retrouve bien dépourvue quand elle n’arrive pas à conjuguer sentiments et besoin de changement. J’ai souscris à toutes les remarques pertinentes de Mister Katz, le chat de Sophie, dont les mouvements de queue et d’oreilles valent tous les discours des grands sages.Et les personnages secondaires sont aussi variés que haut en couleurs, qu’il s’agisse du couple d’italien en crise parce que Madame se met au régime sans glucide alors que Monsieur ne jure que par les pasta, ou de la nouvelle copine de Scott, au nom évocateur de Venus, sculpturale mais aussi illuminée que mystérieuse. A croire que Sophie Katz attire tous les gens les plus bizarres de la ville!