Bonnie, Julie - Chambre 2

Béatrice est une femme entière. Elle génère de vrais sentiments face aux femmes de chaque chambre de la maternité où elle travaille. On pourrait penser qu’être auxiliaire de puériculture est un travail merveilleux. Julie Bonnie nous explique dans son roman à quel point l’on se trompe et que c’est un combat avec soi-même chaque jour.

Béatrice a vécu des moments forts, parfois douloureux. Et côtoyer des mamans heureuses, tristes, en plein désarroi, qui renient leur bébé, qui doivent faire face à leur mort brutale… la remue, Elle. Et voir Béatrice aussi émue, on a besoin de comprendre pourquoi. Alors elle fera ce que l’on espère : nous conter sa vie, ses chagrins, ses douleurs, mais aussi ses bonheurs grâce à l’homme de sa vie et ses propres enfants, en les alternant avec des chapitres sur son travail d’auxiliaire.

Je suis quelqu’un de très sensible, encore plus depuis la naissance de mon premier enfant. Alors, lire un tel livre… Ça a de quoi remuer. Surtout quand on se sent proche à la fois de Béatrice, et de toutes ses patientes. J’ai eu du mal à abandonner ma lecture, à revenir à l’instant présent. Elle n’a pas été trop entrecoupée, mais si j’avais pu, je l’aurais lue d’une seule traite.

J’ai rencontré Julie Bonnie lors de la remise du prix des lecteurs FNAC 2013, faisant moi-même partie du Jury. Et lorsqu’elle a parlé de l’histoire de Béatrice, lors des remerciements, elle a dégagé une forte émotion que tout le monde a très bien ressentie. Il en est de même pour son livre. Elle a vécu ces histoires, elle a voulu faire passer un message, montrer la réalité de cet environnement et briser les idées préconçues. Elle y parvient avec brio car je doute qu’une personne réussisse à rester de marbre devant cet écrit. Chacun de nous en ressortira obligatoirement touché, mais pas forcément de la même manière. Pour ma part, tout m’a profondément émue. Et je me suis sentie aussi humaine qu’elle. J’ai ressentie cette femme toute entière.

Le prix de la rentrée littéraire est largement mérité. Est-ce nécessaire de préciser que Chambre 2 est mon dernier coup de cœur…

Ce livre faisait partie de la sélection du cercle de lecture auquel je participe. De moi-même, je ne l'aurais jamais pris. Mais, ne pouvant me déplacer, j'ai chargé une personne de mon entourage d'emprunter un livre pour moi. Elle m'a ramené celui-ci. Je me suis demandée plusieurs fois si j'allais le lire, et je me suis dit que s'il avait atterri dans mes mains, ce n'était peut-être pas totalement par hasard. A présent que je l'ai terminé, je suis reconnaissante à cette personne de l'avoir pris pour moi, car j'ai découvert un très beau roman.

Certes le sujet n'est pas facile, ce livre n'est pas à mettre entre toutes les mains. Le sujet est abordé sous des aspects parfois très difficiles, des situations tristes et dures.

Ce livre nous parle des femmes, de leur corps, de ce corps qui donne la vie dans des conditions si diverses, parfois heureuses, parfois malheureuses. Un accouchement n'est pas seulement la naissance  d'un enfant, c'est aussi la naissance d'une mère. Chaque mère vivra cet événement différemment selon son vécu personnel, son entourage, ses aspirations, ses idéaux.

C'est ce que voit Béatrice lorsqu'elle passe de chambre en chambre s'occuper des jeunes mamans. Chacune vit cet événement de façon si différente. Certaines sont angoissées, d'autres parfaitement sereines. Certaines le vivent comme un nouveau départ, d'autre comme le reflet d'un traumatisme passé. Mais aucune ne reste insensible face à l'arrivée de ces petits êtres qui bouleversent nos vies.

Béatrice non plus ne reste pas insensible. Elle qui a toujours eu un rapport très sain et très nature à son corps, elle qui se montrait, comme on montre une oeuvre d'art, pour sa beauté, sans voyeurisme. Elle qui vivait dans un monde à part de la société, un cocon qu'elle s'était forgée avec l'homme qu'elle aimait et les autres membres de leur troupe. Ils formaient une famille, atypique certes, mais une famille tout de même, qui s'était choisie. Là voilà propulsée dans  un monde dont elle n'a pas les clés, elle prend ces souffrances de plein fouet, sans le recul nécessaire pour les supporter. 

Le style de l'auteur est clair, direct, fluide, sans fioriture. Et il convient parfaitement à l'histoire. Celle-ci nous est contée sans détour mais jamais de façon glauque.

Je n'aurais jamais cru aimé un tel roman et pourtant j'ai été touchée par l'histoire de toutes ces femmes, Béatrice inclus.

Lis Mon amour alors. Je l'ai adoré. Et Julie Bonnie est une perle. J'adore cette femme.

Merci du conseil. Je note.

Je t'en prie