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| Otsuka, Julie - Certaines n'avaient jamais vu la mer | |
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| Auteur | Message |
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Mylou
Messages : 1167 Date d'inscription : 30/01/2013 Age : 42 Localisation : En Avignon Lecture du moment : Mala Vida (Marc Fernandez)
| Sujet: Otsuka, Julie - Certaines n'avaient jamais vu la mer Lun 8 Juil - 8:48 | |
| [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Année d’édition: 2012 Editions : Phebus Nombres de pages: 144 pages Prix – Amazon: Grand format - 14,25€ Prix – Fnac: Grand format - 14,25€ Quatrième de couverture : Nous sommes en 1919. Un bateau quitte l'Empire du Levant avec à son bord plusieurs dizaines de jeunes femmes promises à des Japonais travaillant aux États-Unis, toutes mariées par procuration. C'est après une éprouvante traversée de l'Océan pacifique qu elles rencontrent pour la première fois à San Francisco leurs futurs maris. Celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui auquel elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir. À la façon d'un choeur antique, leurs voix se lèvent et racontent leurs misérables vies d'exilées... leurs nuits de noces, souvent brutales, leurs rudes journées de travail dans les champs, leurs combats pour apprivoiser une langue inconnue, la naissance de leurs enfants, l'humiliation des Blancs... Une véritable clameur jusqu'au silence de la guerre et la détention dans les camps d'internement - l'État considère tout Japonais vivant en Amérique comme traître. Bientôt, l'oubli emporte tout, comme si elles, leurs époux et leurs progénitures n'avaient jamais existé. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Otsuka, Julie - Certaines n'avaient jamais vu la mer Lun 8 Juil - 17:39 | |
| Mon avis :
Cet ouvrage contemporain de Julie Otsuka nous embarque à bord d’un bateau où plusieurs Japonaises voyagent à destination des Etats-Unis afin de rejoindre leurs futurs époux. En ce début du XXe siècle, ces jeunes femmes ignorent presque tout de ceux à qui elles sont promises. Le plus souvent, ils se sont seulement échangé quelques missives. Autant dire que le dépaysement promet d’être total, d’autant plus qu’elles ne connaissent pas la langue anglaise. Les désillusions seront elles aussi au rendez-vous. Néanmoins, il faudra faire contre mauvaise fortune bon cœur et réussir à s’adapter. Elles n’ont de toute façon pas le choix…
J’ai trouvé le thème de ce roman à la fois intéressant et poignant. Ayant pris pour sujet des faits avérés, l’auteure parvient à merveille à faire passer au lecteur l’espoir de ces jeunes femmes lorsqu’elles sont à bord du bateau. Elles espèrent avoir quitté la ferme familiale pour un pays meilleur, un lieu où leur futur époux les attend, celui qui leur a expliqué qu’il avait une bonne situation et qu’elles ne manqueraient désormais de rien. Cependant, une fois arrivées, elles découvrent que les hommes ne correspondent pas à ceux des photos, ou que les photos datent de leur jeunesse… De plus, ce ne sont pas des propriétaires terriens, mais des employés. Elles vont devoir elles aussi travailler aux champs. Puis on découvre petit à petit la vie de ces Japonaises au début du siècle précédent : la première nuit avec leur mari, le mépris des blancs, la naissance d’enfants qui auront par la suite honte de leurs origines… Nos héroïnes se sentiront elles aussi humiliées par la situation, puisqu’elles n’avouent pas à leur famille les conditions dans lesquelles elles vivent, préférant leur mentir en leur disant que leur mari a une bonne situation et qu’elles ne manquent de rien.
J’aurais pu beaucoup aimer ce livre, mais j’ai eu un gros souci avec la narration. Il faut savoir que tout est rédigé à la première personne du pluriel, sans doute pour une meilleure identification du lecteur avec les personnages en présence. Le problème, c’est que cela devient assez indigeste au bout d’un moment, car au final plein de noms nous sont cités, mais on ne fait réellement la connaissance de personne, on croise juste Monsieur X ou Madame Y le temps d’une ligne ou deux. J’ai trouvé cela fort dommage pour ma part. J’aurais voulu en savoir plus sur ces Japonaises, m’intéresser à l’individu plus qu’au groupe.
De plus, j’ai été très vite lassée par les listes établies par Julie Otsuka. Je m’explique. Elle écrit d’une façon assez hachée et répétitive, ce qui donne plus ou moins une impression de liste, le tout en utilisant le « nous » à outrance. On peut par exemple lire : « Nous avons accouché sous un chêne, l’été, par quarante-cinq degrés. Nous avons accouché près d’un poêle à bois dans la pièce unique de notre cabane par la plus froide nuit de l’année. Nous avons accouché sur les îles venteuses du Delta, six mois après notre arrivée », et les divers accouchements sont déclinés ainsi pendant six pages, ce qui est un peu longuet à lire. Autre exemple : dans le premier chapitre, tous les paragraphes, à trois ou quatre exceptions près, commencent par « Sur le bateau ». C’est sans doute un effet de style voulu, mais cela m’a paru un peu pompeux.
Ainsi, j’ai trouvé le thème très intéressant, mais j’ai été vraiment rebutée par l’écriture. C’est regrettable, car le sujet de l’intrigue et son exploitation étaient extrêmement prometteurs. Mais je suis sûre que d’autres lecteurs que moi seront séduits par la plume de Julie Otsuka.
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| | | Mélusine
Messages : 2336 Date d'inscription : 03/02/2013 Localisation : Grenoble
| Sujet: Re: Otsuka, Julie - Certaines n'avaient jamais vu la mer Mar 9 Juil - 12:40 | |
| Après avoir vu plusieurs articles sur ce livre, je l’ai vu sur les étagères de ma bibliothèque et j’ai voulu voir de quoi il retournait. Il est vrai que l’utilisation du “nous”, cette voix collective de femmes, a quelque chose de déroutant, puisqu’il crée à la fois une impression de choeur, de destin commun tout en listant soigneusement les situations différentes vécues par chaque femme. Comme si on hésitait en permanence entre la multitude de cas individuels et une identité collective très forte. Si l’effet est certain, ce choix a ses limites, puisque parfois même, l’auteur prend le partie de s’attacher plutôt à une des femmes pendant quelques lignes. Néanmoins, ce roman a l’avantage de présenter un fait historique peu connu: l’exode en 1919 de Japonaise, mariée sur photo a des Japonais autrefois exilés et prétendument riches. Dans un Japon traditionnel où l’on n’hésite pas à vendre les jeunes filles, leur avenir muselé est évidemment poignant. Leur témoignage d’immigrées dans un monde qui n’a rien à leur offrir, où elles ne sont qu’une main d’oeuvre comme les autres, où elles doivent subir les assauts d’un mari qui les méprise, où elles sont poussées à la prostitution pour sortir de cette vie, où leurs propres enfants changent de nom parce qu’ils font trop" “japonais” est particulièrement touchant. J’ai beaucoup apprécié que l’ancrage historique de ce témoignage soit fait avec beaucoup de pudeur: on devine plus qu’on annonce que la Seconde Guerre Mondiale a commencé et que les Japonais deviennent des ennemis publics aussitôt que Pearl Harbor en a fait des assassins démoniaques. On voit les maris arrêtés les uns après les autres, les voisins partir, les valises se boucler, et petit à petit, la dé-japonisation de la ville et la disparition de ces femmes aussi muette que leur arrivée. Néanmoins, j’ai estimé qu’il fallait avoir quelques notions de ce pan de l’histoire pour bien s’y retrouver tant ce contexte reste sous-entendus. Une impression globale mi-figue mi-raisin. | |
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| Sujet: Re: Otsuka, Julie - Certaines n'avaient jamais vu la mer | |
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| | | | Otsuka, Julie - Certaines n'avaient jamais vu la mer | |
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