Reuben, journaliste, se rend à Nideck Point, la somptueuse maison que Felix Nideck a légué à sa petite-nièce. Marchent Nideck est d’ailleurs tout aussi somptueuse que sa maison: elle fascine Reuben tant par sa personne que par les histoires à propos de la maison dans laquelle son aieul a accumulé des trésors d’archéologie et d’histoire avant de disparaître. Tant et si bien que Marchent et Reuben passent la nuit ensemble. Mais l’état de grâce est de courte de durée. Au beau milieu de la nuit, le hurlement de Marchent le réveille. Une agression, une terrible bagarre. Marchent y est mortellement blessée. Et si les deux agresseurs y laisseront aussi la vie, Reuben doit sa survie à une étrange bête. Et très vite, à l’hôpital, ses proches s’étonnent de la rapidité de sa guérison. Son teint est plus lumineux, ses cheveux plus fournis aussi. Et un soir, c’est la métamorphose: une toison lui pousse sur tout le corps, ses pieds et ses mains grandissent… Et il a soif de liberté, d’aventure. Il entend un cri, se précipite.. et tue. Mais il ne tue que des ordures. Des criminels, des violeurs, des violents, des gens qui le méritent. Il les déchiquète. Evidemment, il est devenu un monstre sanguinaire. Mais également un justicier.
Quelle déception que ce livre-là! Anne Rice nous a pourtant habitué à des merveilles en matière de personnages, de fantastique, d’univers. Ici, Reuben est à peine crédible dès le départ. Infidèle à sa fiancée sans que ça lui pose le moindre problème de conscience, il semble bien peu surpris des changements qui s’opèrent chez lui. Il les accepte, les constate, mais ne s’en étonne ni ne s’en effraie pas. Et comme ils sont loin de se produire de manière progressive, l’arrivée du loup-garou dans cette histoire est faite avec de gros sabots, de grosses ficelles, qui m’ont complètement empêchée d’y accrocher. Je n’ai donc pas du tout eu de l’empathie pour ce personnage, j’ai assisté à son histoire sans réellement y croire.
De plus, je dois avouer que le principe d’un loup-garou super-héros m’a profondément agacé. L’intérêt de ces créatures est justement de mélanger leur humanité et leur côté sanguinaire, et Reuben se pose en effet la question. Mais quoi qu’il arrive, il ne tue que des personnes qui le méritent, il n’entend appeler que des victimes qui ont besoin d’être libérées de leur bourreau. Bien pratique pour passer pour un héros, ce qu’il fait d’ailleurs vu les journaux et l’opinion publique qui l’encensent. Or, cette attitude ambiguë n’est pas du tout exploitée dans le livre: on se contente d’un Reuben qui vole au secours des gens, et tombe amoureux d’une femme qu’il n’a jamais vue. Il reste donc relativement creux et peu intéressant.
J’aurai aimé qu’il réagisse plus comme Stuart, le second loup-garou de l’histoire, plus virulent dans son inquiétude, ou comme Grace sa mère, qui se démène pour trouver des solutions et des explications. Mais non, il faudra apporter d’autres personnages, encore moins approfondis, pour faire avancer l’intrigue qui n’aura pas su exploiter ses pions de départ.