Cruchaudet, Chloé - Mauvais genre

Fiche de lecture
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Année d’éditions: 2013
Editions : Delcourt
Nombres de pages: 160 pages

Prix – Amazon: 18,00 €
Format broché

Prix – Fnac: 18,95 €
Format broché

Quatrième de couverture :

Pour échapper à la condamnation qui le menace après avoir été jugé déserteur lors de la Grande Guerre, Paul Grappe, marié à Louise Landy, se travestit en femme et devient Suzanne Landgard. Pendant dix ans, il pousse la dissimulation et le changement d'identité au-delà des genres, prenant plaisir à la bisexualité, l'échangisme ou au proxénétisme occasionnel. Et Louise qui suit. Fidèle. Jusqu'à commettre l'irréparable.

Invité

Mon avis :

En 1911, Paul et Louise sont follement amoureux. Ils se connaissent depuis peu, mais qu’importe, ils décident de se marier avant que Paul ne parte accomplir son devoir de citoyen en faisant son service militaire. Brillant soldat, il est rapidement nommé caporal. C’est alors que la Première Guerre mondiale éclate, et Paul est envoyé au front. Il n’hésite pas à se mutiler pour échapper à cette boucherie. Mais après six mois, alors qu’il est censé retourner faire la guerre, il déserte. Par amour, Louise le cache dans une chambre d’hôtel qu’elle loue pour eux deux, et elle cède à tous ses caprices, tout en travaillant pour subvenir à elle seule aux besoins du couple. Alors que Paul réclame du vin et que son épouse refuse d’aller en chercher, il décide de se revêtir avec les affaires de celle-ci et de sortir incognito. Il tient alors sa solution : devenir Suzanne !

J’ai beaucoup aimé cette bande dessinée, qui traite d’un sujet très dur : la guerre et la désertion. Car il est évident que ce n’était pas facile d’être sur le front, mais la vie de Paul, ce déserteur qui attend pendant plus de dix ans que les déserteurs soient amnistiés pour pouvoir enfin remettre son nez dehors, est vraiment horrible. D’autant plus quand on sait que c’est un fait divers ayant défrayé la chronique à cette époque, cela fait froid dans le dos.

En effet, Paul se déguise en Suzanne pour tromper tout d’abord les autres, mais on découvre peu à peu qu’il finit par se tromper lui-même, qu’il devient Suzanne. De plus, Louise parvient à faire embaucher Suzanne dans l’usine où elle travaille, mais on a l’impression qu’elle finit par devenir jalouse de son propre mari – que tout le monde prend pour Suzanne –, de sa personnalité et de ses relations avec les autres femmes de l’atelier. Et puis Suzanne sort, elle va au Bois de Boulogne… Bref, la personnalité de Suzanne prend le dessus sur celle de Paul, et Louise est bien malheureuse et démunie face à tout cela.

Les dessins sont criants de vérité grâce aux choix des couleurs : noir, blanc et rouge. De quoi faire ressortir le sang, l’horreur, mais aussi le rouge à lèvres de Suzanne ainsi que sa robe. Un joli travail de la part de Chloé Cruchaudet, qui nous livre ici un véritable petit bijou. L’ambiance est lourde, pesante, malsaine parfois, et on ne peut s’empêcher parfois la boule au ventre, mais aussi de ressentir un profond dégoût pour cette guerre.

Mauvais Genre est une pépite comme on en croise peu. Cette bande dessinée vous donnera l’impression de vivre un peu de leur histoire et d’être témoin de ce drame qui se prépare… Car comme vous vous en doutez, tout cela s’achève par une tragédie !

Chaque fois que je découvre des BD ici j'ai envie de me lancer mais il y a toujours un je ne sais quoi qui me bloque et m'empêche de franchir le pas.

Invité

Je voulais lire cette BD depuis plusieurs mois, car son titre ainsi que sa couverture m'intriguaient. Maintenant que c'est chose faite, je dois avouer que j'ai été très surprise : je ne m'attendais pas du tout à ça !

On commence avec une rencontre amoureuse, un mariage rapide (normal, à l'époque), mais le bonheur se termine tout aussi rapidement lorsque Paul doit partir à la guerre. Il en reviendra traumatisé, blessé, mais surtout déserteur. Quelle bonne idée, alors, de se transformer en femme pour passer inaperçu et sortir dans la rue.. Déguisé comme cela, il en vient à apprécier sa nouvelle vie, à tenter de nouvelles expériences, quitte à se perdre.

Du début jusqu'à la fin, la violence est présente : durant la guerre, bien sûr, mais aussi dans les propos de Paul/Suzanne, la manière dont il traite sa femme, et celle dont il vit lui-même avec ses souvenirs. Parfois, on a envie de lui en vouloir pour la souffrance qu'il cause, mais on réalise alors qu'il n'est plus lui-même depuis longtemps, et que s'il a réussi à revenir vivant des tranchées, son esprit n'est pas tranquille.

Pour moi, il est clair que Paul reste Paul, même si le personnage de Suzanne lui apporte énormément et lui permet de vivre en liberté. Au fil des pages, elle prend beaucoup de place, même lorsqu'il a le choix de redevenir lui-même.

J'ai adoré le dessin, en noir et blanc sauf pour les touches de rouge : le sang, mais aussi les robes, les lèvres peintes...

En résumé, une très bonne lecture, qui montre bien les ravages des combats sur les soldats, qui les suivent bien après la fin de la guerre.

Mauvais genre ou comment se rendre compte que la BD m’a beaucoup manqué ! Oh oui j’ai aimé, mais cela faisait 2 ans au moins que je n’avais plus lu de bande dessinée. Alors plonger dans cette histoire fut un pur bonheur, tant au niveau graphisme qu’au niveau synopsis. Et le tout sous fond de Première Guerre Mondiale et des Années Folles, époques que j’aime beaucoup lire.

Attention, ce livre est assez particulier : l’histoire est directe, les images parfois assez crues, les thèmes abordés peuvent être tabous pour certains lecteurs. En ce qui me concerne, je n’ai vraiment rien à redire. Je n’ai pas eu le coup de cœur et pourtant tout m’a plu dans cette centaine de pages. La lâcheté y est très bien abordée, mais devenir déserteur doit être une décision difficile à prendre. Et voir ses compatriotes mourir sous ses yeux encore pire… Il émane de ces pages dureté, douceur, sensibilité, froideur, violence, compassion, folie… Tout ce que la guerre peut inspirer à ces hommes qui n’ont rien demandé et ces femmes qui doivent vivre, survivre à tout ce malheur…

Je me demandais réellement où toute cette histoire allait aboutir. Je n’ai rien pu imaginer du déroulement (et je n’avais que vaguement lu le résumé, comme je commence à faire de plus en plus souvent, pour éviter de tout connaître avant d’avoir lu) et je dois avouer que l’évolution des personnages, jusqu’à la folie, m’a profondément touchée. Et comme à chaque fois que je lis quelque chose sur la guerre, je reste pensive encore quelques heures durant.

Je suis bien contente que cette bande dessinée ait obtenu un prix. C’est mérité.

Cordelia a écrit:: Chaque fois que je découvre des BD ici j'ai envie de me lancer mais il y a toujours un je ne sais quoi qui me bloque et m'empêche de franchir le pas.

Franchement, elle est assez complète. On passe par plein de sentiments. Les dessins sont beaux, crus parfois, mais je te dirais bien de te laisser tenter... au moins cette fois !

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