Après la mort de leur père, les trois soeurs Dashwood et leur mère déchantent vite. Leur demi-frère, né d'un premier mariage, se laisse convaincre par son avide épouse qu'il ne leur doit rien et les prive de leur part d'héritage. Très vite mise dehors par Madame qui se dépêche de s'installer en propriétaire, elles emménagent dans une petite chaumière sur les terres d'un parent à elle. L'aînée des soeurs, Elinor, s'éprend d'Edward Ferrars, le frère de cette belle-soeur si désagréable. Mais pleine de bon sens et de civilité, elle ne laisse rien paraître et n'affiche pas ses sentiments, contrairement à sa soeur Marianne, qui, sauvée d'une mauvaise chute par John Willoughby, n'hésite pas à flâner avec lui, à lui offrir une boucle de ses cheveux et à montrer toutes les marques d'une grande passion.
J'ai eu un peu de mal à terminer ce roman. Pourtant, il présentait beaucoup de qualités. J'ai beaucoup aimé le personnage de la mère, pleine de projets pour ses filles, qui fait ses films toute seule, persuadée que les gestes et les sous-entendus suffisent. De rivalités en intrigues, savoir qui est sincère, qui est intéressé, qui est fidèle est un vrai casse-tête, et la palme revient à Lucy Steeles, la fiancée de longue date d'Edward Ferrars, qui, sous le faux prétexte de chercher une confidente, se délecte à raconter à une Elinor brisée les détails de son engagement avec l'homme qu'elle aime. Malheureusement, cela n'a pas suffi à faire décoller cette lecture. Certes, sa structure est intéressante, et les deux histoires des deux soeurs montrent que chacune dans leur excès, elles subissent leur manière d'aimer. Mais j'ai trouvé qu'il manquait d'action et de répondant: beaucoup de parlotte, de civilité, de mondanités mais bien peu du piquant auquel m'avait habituée Jane Austen. Je l'ai également trouvé bien pessimiste: trompeurs, irresponsables, faibles, la gent masculine apparaît perpétuellement décevante. Même si Elinor s'acharne à nous dire que Ferrars est digne d'estime à vouloir rester fidèle à son engagement auprès d'une autre, il apparaît bien peu pressé de l'honorer ou de s'en défaire. Certes, Jane Austen a un côté féministe, mais de là à priver son roman de héros...