Je partage complètement ton avis sur ce livre Cordelia.
Un concept aussi provocateur, il fallait oser. Et Jean Teulé est un auteur qui ose. Sa famille Tuvache est une belle trouvaille. Tous portent des prénoms de suicidés célèbres (Van Gogh, Monroe…) et les enfants sont des merveilles d’humour noir et de cynisme. J’ai adoré le caractère complètement illuminé de Vincent, l’artiste de la famille, qui peint des tableaux capables de faire mourir de peur celui qui les regarde, au bon physique saturnien avec sa tête bandé. Mais j’ai surtout adoré Marilyn, la jeune fille qui ne rêve que de pouvoir enfin se donner la mort pour donner un sens à sa vie, et qui se révèle une véritable vamp vénéneuse capable qui promet de donner la mort d’un seul baiser. Son évolution au cours du roman est à la fois touchante et beaucoup moins superficielle et artificielle que ne le laisse penser le reste du roman.
L’intrigue met pourtant un peu de temps à démarrer. Au début, on prend longuement le temps de nous présenter le concept sous toutes ses coutures et l’auteur fait preuve d’une imagination débordante. Ainsi, on trouve toutes sortes de poisons, dont les mélanges permettent d’atténuer les effets secondaires comme la bouche trop sèche. Mishima vient d’ailleurs de mettre au point un parpaing muni d’un anneau et d’une chaine pour se noyer efficacement. Mais on peut aussi faire preuve de plus de poésie et d’inventivité: le kit Turing, du nom d’Alan Turing, comporte ainsi une pomme enduite de cyanure, une petite toile, des pinceaux et quelques tubes de peinture, et permet de se suicider de la même manière que le scientifique, en croquant une pomme empoisonné après l’avoir peinte. Amatrice d’humour noir, j’ai beaucoup aimé, même si j’ai eu un doute à un moment sur la tournure que pourrait prendre l’intrigue à ne pas avancer plus que cela. Heureusement, quelques retournements de situation bien placés relancent l’intérêt efficacement.