Cricribib Admin
Messages : 5629 Date d'inscription : 04/02/2013 Age : 45 Localisation : Belgique Seneffe
| Sujet: Nothomb, Amélie - Les combustibles Lun 1 Déc - 15:55 | |
| Fiche de lecture [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Année d’édition: 2002 Editions : Livre de poche Nombres de pages: 88 pages Prix – Amazon: 15,68€ Format poche Quatrième de couverture : La ville est assiégée. Dans l'appartement du Professeur, où se sont réfugiés son assistant et Marina, l'étudiante, un seul combustible permet de lutter contre le froid : les livres. Tout le monde a répondu une fois dans sa vie à la question : quel livre emporteriez-vous sur une île déserte ? Dans ce huis clos cerné par les bombes et les tirs des snipers, l'étincelante romancière du Sabotage amoureux pose à ses personnages une question autrement perverse : quel livre, quelle phrase de quel livre vaut qu'on lui sacrifie un instant, un seul instant de chaleur physique ? Humour, ironie et désespoir s'entre-tissent subtilement dans cette parabole aux résonances singulièrement actuelles.
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| Sujet: Re: Nothomb, Amélie - Les combustibles Lun 1 Déc - 18:51 | |
| Mon avis :
C’est la guerre, la ville est assiégée par les Barbares, il n’a plus de quoi se chauffer et c’est l’hiver. Dans un petit appartement évoluent trois personnages : le Professeur, un lettré érudit qui a écrit une quinzaine de thèses et connaît la littérature sur le bout des doigts. Il enseignait auparavant à l’université… à l’époque où celle-ci ne croulait pas sous les bombardements. Il y a également Daniel, son assistant, et Marina, étudiante en dernière année et amante dudit Daniel. Marina a froid, encore plus froid que les autres protagonistes. Et tout a déjà été brûlé pour se réchauffer, il n’y a plus de combustibles, mis à part la bibliothèque et deux chaises. Ils se résolvent donc à mettre les livres dans le poêle. Mais quels livres jeter au feu et lesquels garder ? Lesquels sortent du lot et méritent davantage d’avoir un peu de répits, dans l’espoir que la guerre cesse ? Tout cela promet de réelles joutes verbales, car aucun d’entre eux n’a envie que l’on brûle ses livres favoris… et bien évidemment, ils ont tous des goûts différents !
Tout d’abord, l’ouvrage Les Combustibles est présenté sous la forme d’une pièce de théâtre, ce qui change clairement des ouvrages que l’on peut lire habituellement. Cela apporte un gros plus à la lecture, car on a l’impression de voir les personnages évoluer sur scène et déclamer leurs tirades. C’est écrit de telle façon que les protagonistes mis en scène surgissent sans peine dans notre esprit et, plus d’une fois, je me suis demandé si ce livre a été adapté au théâtre. Après lecture, j’ai regardé, et oui, ce texte a effectivement été joué sur les planches. Ça devait vraiment être une belle représentation. Par ailleurs, Amélie Nothomb se sert de la situation pour être tantôt cynique, tantôt humoristique, tantôt dramatique. Un ouvrage superbe, aussi bien dans le fond que dans la forme.
L’idée de brûler des livres pour survivre, alors que l’on a Les Combustibles dans les mains en tant que lecteur, est tout simplement géniale. J’ai trouvé ça fort, excellent, brillant, surtout grâce à la façon dont la situation est explicitée. Chacun défend son avis, ses auteurs, son envie de voir perdurer la littérature pour certains, le besoin imminent de se réchauffer pour d’autres. On découvre que les personnages ont un double visage : le Professeur est en réalité hypocrite, Marina prête à tout pour se réchauffer… Mais cela révèle aussi le désespoir de la situation. Car quand on pense que tout est perdu, que l’on sent la mort approcher, que ne serait-on pas prêts à faire pour sauver sa peau ?
Outre le fait de citer des grands titres, comme L’Iliade et L’Odyssée, les auteurs dont il est question sont Kleinbettigen, Sterpenich, ou encore Faterniss et Salbonatus. Il s’agit d’écrivains fictifs, pour lesquels Amélie Nothomb a inventé une bibliographie, une histoire… Je me demande ce que cela aurait donné si jamais elle avait fait le choix d’auteurs ayant existé. Lesquels aurait-elle choisis ? Et lesquels aurait-elle encensés et brûlés ? Et vous, lecteurs, si le seul moyen que vous aviez de rester en vie était de brûler les ouvrages que vous rangez précieusement dans votre bibliothèque pour survivre, par lesquels commenceriez-vous ? Et lesquels tenteriez-vous de préserver à tout prix ?
Pour ma part, ce livre fut une surprenante découverte et un coup de cœur. Heureusement qu’il fait moins de cent pages, car j’aurais vraiment eu des difficultés pour le reposer et le lire en plusieurs fois tant j’étais prise par ma lecture. Un livre que je recommande sans modération !
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