Nothomb, Amélie - Acide sulfurique

Fiche de lecture
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Année d’édition: 2007
Editions : Livre de poche
Nombres de pages: 212 pages

Prix – Amazon: 5,60€
Format poche

Quatrième de couverture :
Concentration est une émission télévisée fondée sur le principe des camps de concentration allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale. Des hommes et des femmes ont été enlevés arbitrairement puis faits prisonniers. Ils vivent dans un camp, dans des conditions inhumaines (insalubrité, malnutrition, déshumanisation) et sont soumis aux ordres de kapos, recrutés par les organisateurs de l'émission pour leur manque de subtilité. Les prisonniers travaillent dur toute la journée à la création d'un tunnel. Tout cela se fait sous l'oeil averti de plusieurs caméras et avec l'aval de milliers de téléspectateurs.

On suit en particulier quelques personnages: Pannonique (CKZ114), son camarade, ancien professeur d'histoire et amoureux plein d'admiration, EPJ327, mais également la kapo Zedna, sensible elle aussi à la beauté de Pannonique. Cette dernière est une figure de la résistance. Elle prendra des risques face aux caméras et partagera les carrés de chocolat donnés discrètement par Zedna avec ses camarades.
"Tout ce que l'on aime devient une fiction"

Mon avis :

La téléréalité prenant une place de plus importante dans les divertissements, un nouveau concept a été mis au point. Des personnes sont choisies de façon totalement aléatoire et conduites dans un lieu qui ressemble en tous points à un camp de concentration. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le nom de ce programme est « Concentration ». Alors qu’elle se promène tranquillement à Paris, au Jardin des Plantes, Pannonique se fait enlever et est conduite dans un de ces endroits de torture, où les candidats ont faim, sont battus, où ils perdent leur identité et ne sont plus que des numéros, et où chaque jour les kapos décident de qui mourra et de qui continuera… Bref, le processus de déshumanisation est en route, sous les yeux de spectateurs ébahis qui ne peuvent s’empêcher de regarder leur poste de télévision. Et plus l’audimat est important, plus les organisateurs veulent aller loin, toujours plus loin dans l’horreur…

J’avais découvert Amélie Nothomb avec Une forme de vie, qui ne m’avait absolument pas emballée… Je m’étais d’ailleurs dit que cette auteure n’était pas pour moi, jusqu’au jour où j’ai eu une discussion avec Guillaume, qui apprécie beaucoup ses ouvrages et qui m’a conseillé de tester d’autres romans, dont Acide sulfurique. Et là, ce fut une réelle révélation. J’ai adoré cet ouvrage, qui fut pour moi un réel coup de cœur. De la première à la dernière page, j’ai été happée par l’intrigue mise en place, qui était tout simplement bluffante.

Amélie Nothomb met en scène deux personnages principaux : Pannonique et Zdena. Jeune femme brillante, Pannonique veut se rebeller contre le système, ne comprenant pas l’absurdité de la situation. Comment les spectateurs peuvent-ils prendre plaisir à voir des humains en torturant d’autre, reprenant les schémas des camps de concentration nazis ? Si les gens avaient seulement une once de bon sens et refusaient de regarder ce spectacle affligeant, cette infamie cesserait. Mais c’est sans compter sur la cruauté de l’humain. Pannonique va donc essayer de survivre, et de donner un peu de courage à ses compagnons d’infortune. Par ailleurs, il y a Zdena. Pas vraiment intelligente, relativement rejetée, elle dépose sa candidature pour devenir kapo, et pour une fois, on veut bien d’elle. De fait, elle va faire partie du rôle des « méchants », et sans raison réellement tangible, elle décide de s’en prendre à CKZ 114, le nouveau nom de Pannonique.

L’une est l’autre vont se retrouver dans un rapport très spécial : bourreau et victime, la victime refuse de céder aux demandes du bourreau qui pourrait pourtant lui venir en aide, mais cette dernière, totalement incapable de se venger, va tenter de l’aider à sa façon. Mais même si Pannonique a tout perdu, il lui reste encore une chose et une seule : son honneur. Et elle n’est absolument pas prête à la sacrifier. En outre, malgré son rôle de bourreau, Zdena est parvenue à m’émouvoir, à me faire ressentir de l’empathie pour elle… Incroyable, non ?

Très intense, ce livre met en avant les déviances de notre époque et les problèmes qui pourraient être engendrés si les émissions de téléréalité étaient poussées à l’extrême, en allant toujours plus loin pour attirer l’audimat, quitte à ce que celui-ci décide de la prochaine mise à mort. Les personnages sont le fruit d’une imagination débordante. Le tout est servi par une écriture très addictive et de courts chapitres qui donnent envie d’en lire encore un peu, puis davantage, et on se rend compte que l’on dévore le livre !

J’ai du mal à trouver mes mots pour parler de ce livre tant je l’ai aimé. Le mieux, pour ceux qui ne l’ont pas encore lu, est d’y remédier. Pour ma part, Pétronille m'attend dans ma PAL.