Felicity Atcock attire décidément les problèmes. D’abord, il y a Stan, l’ancien ange diaboliquement sexy qui a accepté de lui venir en aide il y a peu en échange d’une nuit avec elle et qui la menace régulièrement de venir réclamer son dû. Ensuite, il y a Greg, un ex de Felicity et accessoirement prof de sport qui ne semble plus vraiment lui-même et qui, surtout, arbore d’horribles blessures dans le dos qui semblent un peu trop profondes pour un simple jeu sado-masochiste. Puis, il y a encore des morts pas loin, ce qui accapare Terrence, le si séduisant Ange qui la surveille et policier de son état. Et enfin, et non des moindres, il y a ce poulet cloué sur sa porte. Mauvaise blague? Stan et Terrence semblent prendre la chose très au sérieux pourtant. Tout semble ramener à Greg. Dans quel pétrin s’est-il fourré?
J’avais passé un délicieux moment avec le premier tome des aventures de Felicity. Ici, l’humour et la dérision sont laissés un peu de côté au profit d’une intrigue plus construite et d’une immersion plus complète dans le monde des Anges que Terrence et Stan nous avaient laissé entrevoir. On est donc face à une intrigue plus conventionnelle, moins loufoque, mais aussi plus complexe: petit à petit, des éléments qui semblaient n’avoir rien à voir les uns avec les autres se mettent en place. Les morts s’accumulent autour de Greg, les menaces autour de Felicity, mais la raison d’un tel acharnement sur l’un ou sur l’autre reste très mystérieux, même si les deux anges gardiens de Felicity réagissent de manière bien plus personnelle qu’elle ne l’aurait pensé. La lumière sur les véritables intentions des agresseurs se fait donc avec beaucoup d’habileté, même si elle retombe sur des schémas un peu convenus.
Le personnage de Felicity est toujours aussi mutin et moqueur, même lorsque les créatures fantastiques se déchainent autour d’elle. Ce qui n’est pas un mal, parce qu’elle pourrait vite devenir ennuyeuse lorsqu’on tourne à une intrigue plus intimiste, où l’on apprend que le passé de Felicity n’est pas tout à fait celui de madame tout le monde et où celui de Stan et de Terrence regorge lui aussi de douloureuses histoires sentimentales. Heureusement, le ton piquant permet d’éviter les écueils un peu larmoyants du genre.
Ce que j’ai apprécié, c’est que, sans craindre l’overdose, on convoque volontiers Dieu, Satan, des démons, des sorcières, qui viennent s’ajouter aux anges et aux vampires, créant un bestiaire fantastique assez impressionnant et qui, curieusement, fonctionne. On l’aura compris: il convient ici de ne pas trop se prendre au sérieux et même Felicity elle-même donne souvent l’impression d’en avoir assez de croiser toutes les créatures possibles et imaginables. J’ai beaucoup aimé la voir ruiner ses chaussures dans le sang de bouc déversé autour de sa maison pour lui faire peur ou se préoccuper de la coupe de cheveux des anges qui l’entourent.