Sophie Jomain est la reine absolue du cliffhanger de folie. Avantage: elle sait rendre ses lecteurs accro. Inconvénient: comment résumer un tome 3 sans faire un énooooooorme spoiler sur la fin du 2ème ? Essayons tout de même.
Felicity Atcock est une jeune anglaise qui attire comme un aimant toutes les créatures fantastiques qui se promènent dans le coin et tous les problèmes qui vont avec. Elle a déjà sur le dos des vampires qui viennent s’enterrer dans son jardin, un ange affreusement sexy et un demi-démon qui a décidé de faire d’elle son esclave sexuelle. Ces deux derniers, Terrence et Stan pour ne pas les nommer, ne peuvent bien sûr pas se piffrer, mais adorent venir à tour de rôle titiller ses hormones. Elle doit pourtant solliciter leur aide lorsqu’une de ses connaissances, vampire de son état décide de batifoler avec une lycan (comprenez une créature à mi-chemin entre l’homme et le loup) et de se réfugier… ben chez Feli, pardi! Elle est d’abord furax, mais quand elle apprend que les lycans ont décidé de céder cette jeune fille aux changelings pour concevoir un enfant susceptible d’attirer l’attention des Fées, son sang de féministe ne fait qu’un tour et elle décide de la prendre sous son aile. Et la voilà à nouveau au coeur d’un conflit de bien plus grande envergure que ce qu’elle croyait.
Ah, elle m’avait manqué, cette Felicity. Il faut dire qu’avec sa langue bien pendue, sa capacité à s’attirer des problèmes et surtout, à se faire remarquer par tout ce que le monde magique compte de beaux gosses, elle est assez unique. Car après avoir batifolé avec Stan l’entre-deux puis avec Terrence l’ange, il fallait encore ajouter Phil, le lycan, nouveau dans ce jeu de séduction permanent où chacun souffle le chaud et le froid sans arrêt (lui ne perd pas le temps, il est nu dès sa première apparition). C’est peut-être ce que j’adore dans cette série: elle assume à fond son côté girly, son romantisme piquant, mais loin d’être prévisible comme une banale romance, à chaque fois qu’apparait un des étalons qui entourent Felicity, je me surprends à espérer que c’est avec celui-là qu’elle finira et tant pis si je pense tout le contraire vingt pages plus loin. J’ai donc eu le plaisir de retrouver dans ce tome le second degré qui m’avait tant plu dans le premier et un peu manqué dans le deuxième.
Mais vous vous en doutez bien, on ne fait pas tenir une série dans mon coeur sur ses intrigues amoureuses, aussi déjantées soient-elles. On y plonge en effet dans les méandres du monde magique et croyez-moi, c’est tortueux. Un loup-garou, c’est trop simple: il faut distinguer les lycans, créatures métamorphes originelles, des changelings, ces êtres créés par les fées pour remplacer les bébés humains qu’elles enlevaient par caprice. La mythologie créée par Sophie Jomain se complique petit à petit, et comme Felicity, on peut y perdre son latin. De nouvelles créatures sans pitié et sans aucune considération pour le fait que Felicity, elle, est humaine, viennent créer une ambiance franchement inquiétante, qui nous donne l’impression d’être complètement étranger mais pour autant toujours un peu impliqué. C’est là le petit bémol que j’ai trouvé à l’évolution de la série: ça manque un peu d’humain. J’ai l’impression que Felicity ne fréquente que des créatures fantastiques et je me demande parfois comment on peut ne pas s’en rendre compte autour d’elle.