Néa n’est pas sortie de ses ennuis. Après avoir constaté que ses drôles de pouvoirs lui attiraient des ennemis bien farouches, la voilà enfermée dans un tombeau scellé. Et pas par n’importe qui: par Merlin, le célèbre enchanteur qui a su bien enjoliver sa légende. Car il est avant tout un nécromancien avide de pouvoir, bien décidé à arriver à ses fins. Il la croit morte… et c’est tant mieux. Car Néa ne manque pas de ressources. Son but: libérer Juliette, sa protégée, toujours aux mains de ses ennemis. Et ensuite, en découvrir un maximum sur ses origines et son identité, afin d’affronter enfin Merlin à armes égales.
Cette saga, je l’aime d’amour depuis le début. Je la redécouvre ici dans la version du Chat Noir et il faut reconnaître que les couvertures absolument sublimes de Mina M. savent rendre justice à cette histoire. Dans ce troisième et dernier tome, on retrouve une Néa bien remontée donc très en forme. Avec son franc parler habituel et surtout son cynisme bien tranchant, elle est toujours un régal à lire. Elle est d’ailleurs la première à signaler toute la délicieuse absurdité de voir surgir Merlin et les autres protagonistes de la légende arthurienne dans cette histoire qui lui avait déjà collé sous le nez des créatures franchement folkloriques: “Nécromanciens, vampires, et pourquoi pas la fée Carabosse?”. Et oui, c’est gros, et pourtant, avec Néa, tout passe. Et même furieusement bien.
Car pour oser apporter des personnages aussi mythiques, il fallait un gros arsenal explicatif. Soigneusement, par chapitres alternés, l’auteur reconstruit sa propre version, où Arthur, Lancelot et les autres sont bien loin des héros chantés par les légendes, expliquant comment Merlin, tiraillé entre deux magiciennes aussi séduisantes que redoutables, a fini par dormir dans son tombeau des siècles durant avant de partir sur les traces de Néa, si longtemps attendue. C’est jouissif (j’avoue que j’aime quand les mythes tombent de leur piédestal) et là encore, parfaitement orchestré.
La structure de ce roman fait du coup son originalité, puisqu’on ne cesse d’aller et venir entre le présent où la police suit Néa, Merlin et les autres protagonistes qui nous ont tenu en haleine depuis le premier tome, le lointain passé qui explique ce que Merlin est venu faire dans le schmilblik et le futur qui nous est réservé si il parvient à ses fins. A la fantaisie urbaine si délicieuse s’ajoute donc un soupçon d’historique et une bonne dose d’anticipation, ce qui renouvelle habilement la trilogie. Très malin.