Il semblerait que même un vampire de six siècles d’existence comme Jean Verger puisse être surpris. Bien qu’il soit mal placé pour croire en Dieu, il aurait bien envie de croire que celui-ci se soit rappelé au bon souvenir des hommes… sous la forme d’un immense astéroïde, découvert dès Janvier 2013, par Marie Lemere, une jeune scientifique. Et malgré toutes les précautions et analyses des hommes, ce monstrueux invité, baptisé ironiquement Rédempteur, est destiné à s’écraser aux Etats-Unis, sur un non moins monstrueux volcan, plongeant la planète dans le chaos et bouleversant la vie sur terre. Des millions de morts, un soleil masqué, une chute de la température, de nouveaux virus. Les vampires eux aussi se font rares. Et soudain, l’impensable: l’un d’eux découvre à ses dépends que ce n’est plus du sang qui coule dans les veines des hommes, mais une substance verte synthétique. Elle les protège de presque tous les virus et ralentit considérablement leur vieillissement. Et c’est un poison mortel pour les vampires. Après l’Apocalypse, il semblerait que les hommes ne soient pas loin d’égaler leurs prédateurs et même de leur survivre.
Mélanger littérature vampirique et apocalyptique, il fallait oser. Et je dois avouer que je suis assez séduite. Il faut dire que le scénario apocalyptique est très bien ficelé et nous entraîne dans un roman d’anticipation très convaincant et qui m’a plu en amatrice du genre: on reconnaît volontiers un monde qui pourrait être le nôtre très bientôt, depuis ses merveilles scientifiques et technologiques à ses bas-fonds et oubliés. La découverte de la jeunesse perpétuelle et de ses conséquences, discret thème secondaire, m’a fascinée. Et si l’histoire est digne d’un film catastrophe à l’américaine, l’auteur n’hésite pas à nous emmener nous promener en France, et pas seulement à Paris où tout se passe toujours, mais à Grenoble où le Vampire a élu domicile. Et ce qui m’a encore plus plu, c’est que les vampires trouvent leur place dans cet univers de manière assez réussie, même si je reste un peu sur ma faim pour certains points. Jean Verger travaille en effet dans un laboratoire afin d’avoir toujours du sang frais à portée de main, il est surprenant qu’il ne profite pas davantage de cette position: les vampires ne sont-ils pas les premiers concernés par le devenir du sang humain? J’ai d’ailleurs été un peu déçue par l’évolution du personnage: je l’ai adoré au départ, ce ténébreux chasseur volontiers sans scrupule mais avec quelques principes, beaucoup de sensualité et d’élégance et je trouve qu’il devient bien trop facilement sentimental là où j’aurais plus souvent souhaité le voir sortir les crocs comme dans sa scène de meurtre qui rappelle qu’on ne se moque pas impunément d’un vampire. Le rôle de la police, qui suit les meurtres que Jean laisse derrière lui ainsi qu'un mystérieux agresseur qui traque Solange Lemere, la biochimiste à l'origine de la subtance synthétique qui remplace le sang, est également un peu sous-exploité à mon sens, et il m’a souvent semblé que Marco, le policier, semblait attendre son heure… Heureusement, il y a Virginie, vénéneuse fille de Solange qui n’a de virginal que son prénom, un personnage de femme fatale comme l’on en voit peu et dont les multiples transformations ont de quoi marquer! Me voici donc impatiente de savoir si toutes les pistes lancées par ce roman seront développées dans sa suite, puisqu’elle est déjà annoncé avec le tome 2!