Sur le célèbre site de Carnac, en Bretagne, des menhirs disparaissent sans laisser de trace. On ne vole pourtant pas un menhir comme ça! Si le commissaire Terreneuve prend l’affaire au sérieux, le jeune Edouard Vaslelti, nouvellement arrivé dans la région, est dépité que sa première mission consiste à rechercher un vulgaire cailloux, et ne compte plus les paires de chaussures qu’il s’offre pour compenser cette déprimante situation. Plus loin, Amanda et Sylvie se retrouvent dans le bureau du notaire. Richard vient de mourir. Il leur a réservé une dernière surprise: la somme de six millions de livres à se partager, à la condition qu’elles vivent ensemble pendant un an dans sa propriété de Vannes, en Bretagne. Problème: Amanda et Sylvie ne peuvent pas se voir en peinture, depuis que Richard a plaqué l’une pour partir avec l’autre. Mais Amanda a de gros problèmes financiers avec sa boutique de vêtements londonienne, alors… voici les deux femmes embarquées dans cette aventure farfelue. Et dès les premiers jours, l’ambiance est électrique. Tiens, il y avait un menhir dans le jardin quand elles sont arrivées?
J’ai dévoré ce roman. Pourtant, la couverture un peu enfantine, voire naïve, ne m’emballait pas, pas plus que le titre que je trouvais un peu facile. Mais dès que j’ai vu Amanda et Sylvie en venir aux mains dans le bureau du notaire, j’ai été totalement embarquée. La bonne surprise de ce roman, c’est son humour: on s’amuse franchement, avec un ton enlevé, beaucoup de finesse et surtout, des personnages hauts en couleurs et extrêmement attachants. Sylvie la Française réservée qui ne trouve pas vraiment sa place, l’exubérante Anglaise Amanda qui fait se retourner tous les hommes sur son passage, Edouard le policier fan de chaussures de luxe… Ils donnent lieu à des scènes savoureuses, cocasses, piquantes, dans lesquelles on ne s’ennuie pas une seconde. Et si l’on comprends assez vite que les menhirs qui apparaissent devant le vieux chêne du jardin sont bien ceux qui ont disparu, on prend un vrai plaisir à suivre les efforts des deux femmes pour les dissimuler à Edouard qui se rapproche de Sylvie depuis qu’Amanda tente de jouer les entremetteuses, à voir l’incompréhension grandissante des policiers devant l’absurdité de l’affaire et son mystère de plus en plus épais. Et c’est là qu’intervient la nouvelle surprise: s’intercale avec cette histoire de menhir une autre histoire bien plus ancienne et bien plus sombre, celle d’une jeune Gauloise qui malgré l’occupation de son pays, tombe amoureuse d’un Romain. Autre histoire, autre style, et le passage de l’un à l’autre est bluffant de cohérence et d’efficacité. Là, plus d’humour, ni de légèreté: nous sommes au temps des anciens druides et des amours interdites, au temps où la trahison de ses ancêtres était passible de mort immédiate, au temps où les forces de la nature étaient sacrées et traversaient les siècles jusqu’à ceux qui ne savent pas que les menhirs ne sont pas de vulgaires cailloux. Et les menhirs vont se charger de le leur rappeler.