Mourir, ce n’est pas très rigolo. Sauf pour le héros de ce roman. Car très vite, alors qu’on emporte son corps, il s’aperçoit que sa conscience est toujours bien vivante, elle. Et qu’elle peut se promener, d’objet en objet. Par tâtonnement, il apprend à se déplacer d’un objet à un autre. C’est en se projetant dans un stylo abandonné sur une table de café qu’il LA rencontre. Elle est belle, et elle se languit d’un mari sans cesse absent. Alors pour rester près d’elle, il se glisse dans son collier, son chemisier, devient n’importe quel objet qui lui permet de l’accompagner.
Ce que j’ai d’abord aimé dans ce roman, c’est sa légèreté. La mort, qui intervient dès les premières pages, est délestée de toute lourdeur et devient une nouvelle vie, une source d’exploration infinie de nouvelles sensations, un véritable jeu d’aventure. De même, lorsque plus tard, il croise d’autres « âmes » établies dans des objets, les rencontres sont conviviales, jamais morbides. Le narrateur semble vraiment tirer tout le parti de cette nouvelle vie, comme en enfant qui découvre son environnement.
C’est ensuite très touchant de voir cet homme sans corps tout faire pour rester près de sa bien-aimée qui pourtant ignore jusqu’à sa présence. Façon ange gardien invisible, avec un petit côté voyeur néanmoins, il a quelque chose de piquant. J’ai notamment aimé ses différentes intrigues avec le mari de sa belle, qu’il commence par jalouser, par tout faire pour rendre dingue, puis finit par se montrer beaucoup plus calme quand il se rend compte que tout ses faits et gestes influencent l’humeur de sa bien-aimée.
Du coup, j’ai trouvé que lorsque le roman s’aventure sur des sujets plus sombres, tels banditisme à grande échelle, je n’avais pas vraiment envie de le suivre parce que ça ne collait pas vraiment avec ce qui me plaisait. Mais j’ai adoré le retournement final qui donne une toute autre dimension à ce roman, une jolie pirouette très efficace qui m’a laissé le sourire aux lèvres.